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Du vin sans l’ivresse ? Tendance : les vins No-Low

En 2024, plus de 5 millions de personnes ont participé au Dry January en France. Ce mois de sobriété, qui gagne en popularité chaque année, témoigne d’un changement significatif de nos habitudes de consommation. Les Français, notamment 44% des 18-25 ans, accordent une attention croissante à leur consommation d’alcool, motivés par des questions de santé. Cette évolution se reflète également dans une baisse des ventes de boissons alcoolisées, de 6,4% par rapport à janvier 2023. Cependant, loin d’arrêter complètement l’alcool, c’est plutôt l’idée de devenir un « flexitarien » de l’alcool qui séduit, privilégiant une consommation raisonnable. Pour répondre à ces nouveaux usages, le monde viticole développe une alternative intéressante : le vin No-Low, ou NoLo.

Le vin No-Low, qu’est-ce que c’est ?

Un vin sans alcool (« no ») est confectionné de la même manière qu’un vin classique. Il bénéficie ensuite d’un traitement pour retirer l’alcool, souvent par distillation. Ainsi, la boisson garde ses saveurs et son goût si particuliers à la fermentation du raisin. Un vin est désigné comme sans alcool dès lors qu’il est en dessous de 0,5 degré alors qu’un vin léger (« low ») est en-dessous de 10 degrés. Augustin Laborde, le fondateur du Paon qui Boit, une cave parisienne spécialisée dans le sans alcool, explique dans La revue du vin de France que « les vins désalcoolisés intéressent davantage nos clients, car ils sont habitués à déguster du vin et aiment retrouver ce petit goût de fermentation ».

Qui dit nouveau produit, dit nouvelles appellations.

L’équipe naming de Labbrand, spécialiste de création de noms, s’est intéressée aux nouveaux noms de cette catégorie émergente. Notre première question porte sur le nom descriptif de ce type de produit : comment nommer une boisson qui a suivi la fermentation d’un vin classique, qui contient du raisin mais à laquelle l’alcool a été retiré ? Si le mot vin est souvent utilisé, il est suivi de la mention « sans alcool » ou « désalcoolisé ». Il est donc toujours possible de l’utiliser, mais il est parfois contourné avec des termes alternatifs : « boisson », « cuvée », « alternative », « les sans alcool » mais également le mot « virgin » (« Virgin Rosé »), par analogie aux mocktails (comme le « Virgin Mojito »). Le vocabulaire du vin reste néanmoins toujours très présent pour ancrer dans la catégorie : « mousseux », « pétillant », profil rouge / blanc / rosé ou encore le nom du cépage, comme le chardonnay.

Comment nommer une marque de vins sans alcool ?

Nous nous sommes intéressés aux noms de marques des vins sans alcool en analysant 31 offres actuellement sur le marché.

De cette analyse linguistique émergent deux tensions qui structurent cette nouvelle catégorie :

  1. Quel équilibre entre modernité et tradition ? Quel degré de relation par rapport à l’univers de référence qu’est le vin ?
  2. Quelle posture par rapport au « sans » alcool ? Est-ce un produit « moins », un vin auquel on a retiré quelque chose ou est-ce une promesse de « plus », un attrait supplémentaire ?

Les acteurs se positionnent par rapport à ces deux tensions, permettant de faire émerger 4 grandes familles du vin sans-alcool :

  1. Du vin avant tout
  2. Du vin… oui mais en un peu moins…
  3. Une démarche assumée
  4. Un nouvel état d’esprit

Dans cette première vision du vin sans alcool, les noms reprennent naturellement les codes traditionnels de l’univers du vin. On retrouve donc 2 grandes familles de noms : les toponymes et les patronymes.

Les toponymes

Types de noms prédominants, les toponymes font référence à des régions ou des lieux spécifiques et permettent ainsi aux consommateurs d’être rassurés quant à leur provenance. Des noms de domaines viticoles, tels que Le Domaine de l’Arjolle, de Broüard, de Ribeauvillé ou de Rochefort, sont déclinés en versions désalcoolisées, facilitant ainsi la recherche d’informations pour les consommateurs. Uby, Muri ou Hans Baer correspondent également à cette tendance, en évoquant des lieux ou des symboles distinctifs. Des noms entièrement dédiés aux vins 100% sans alcool, comme Villa Martelle et Villa Chavin, ajoutent une touche de prestige en évoquant de vastes vignobles et des maisons luxueuses.

Dans cette famille, le sans alcool est alors retranscrit par une mention rajoutée qui prend différentes formes : 0, zéro, 0% d’alcool, zéro alcool ou désalcoolisé.

Les patronymes

Ces vins patronymiques, tels que La Côte de Vincent et Loëffler, mettent en avant des prénoms ou des noms. Ils évoquent ainsi le savoir-faire et la transmission, traditionnellement associés à l’univers viticole. L’utilisation de prénoms crée une proximité, tandis que les noms de famille soulignent un héritage familial. Ces appellations, marquées par leur origine géographique, renforcent leur lien avec un terroir spécifique. Vincent est typiquement français et Loëffler, d’origine allemande.

Ici encore, le sans-alcool est noté sur l’étiquette, en-dessous du nom : « alcohol free » ou « boisson à base de vin rouge désalcoolisé ».

Pour les vins toponymiques et patronymiques, l’utilisation de noms de vins classiques va permettre de rester proche de l’image traditionnelle du vin. Le sans-alcool sera alors uniquement souligné sur l’étiquette.

Les noms de marque de cette seconde catégorie présentent un twist visant à mettre en évidence l’absence d’un élément : l’alcool.

Les petites choses

Ces noms évoquent subtilement la notion de diminution, tout en créant une proximité avec le consommateur à travers l’idée du traditionnel « petit verre de vin ».

Le Petit Béret renvoie directement à la culture française tout en faisant comprendre que le vin a subi une transformation, puisqu’il est « plus petit ». Ce même processus est utilisé pour Le Petit Chavin, qui reprend l’expression « le petit… » et le fait suivre d’un nom de famille. Le Petit Étoilé évoque l’idée d’une boisson récompensée, à l’instar d’un chef étoilé. L’adjectif « petit » lui confère un caractère accessible. Il est associé de façon sous-jacente au cosmos, aux étoiles. Il évoque un moment calme et paisible que les effets de l’alcool ne viennent pas troubler.

Ces noms combinent ainsi tradition et proximité. Ils mettent en avant des éléments de la culture française et en associant l’adjectif « petit » à l’absence d’alcool.

Ces vins nomment le sans alcool de différentes manières : « sans alcool, 0% », « sans alcool » ou encore « 0.0 sans alcool ». C’est une façon de se différencier en insistant sur le degré et en rappelant peut-être un emoji étonné.

Les tradi’O

D’autres marques, tout en restant ancrées dans un lexique traditionnel du vin et de la vigne pour rassurer les consommateurs sur la provenance, ajoutent une touche de modernité et d’originalité dans la forme en jouant graphiquement et phonétiquement avec le O et le zéro.

Chavin zéro évoque l’univers des vignobles et renvoie à la provenance française ainsi qu’au terroir. Le zéro devient presque un nom de famille, comme avec Pierre Zéro Signature, où la marque met en avant le sans alcool directement dans le nom. Sarment.o évoque la vigne en portugais avec un clin d’œil au zéro, tout comme Rib.O transforme le son « o » de Ribeauvillé en zéro. Au-delà du « zéro alcool », le O devient la promesse d’un moment léger, comme une bulle de fête.

Cette deuxième vision reste très ancrée dans la tradition du vin. Elle initie un début d’histoire spécifique du « vin sans alcool », ou légèreté totale prédomine.

Dans cette troisième vision, le vin sans alcool se revendique comme tel.  

Les modérés assumés

Certains noms de marques affirment fièrement la modération, qui vient rappeler l’adage « boire avec modération ».

Dans le vin Moderato, le consommateur devine la modération, une référence directe à la consommation d’alcool qui devient plus équilibrée. Dans Tempera, c’est plutôt la tempérance que l’on entend, une dénomination littéraire pour évoquer la modération des plaisirs. Ces deux noms à consonance latine évoquent la mesure de manière joyeuse et enlevée.

Ces vins vont choisir de noter « sans alcool » et « non alcoholic » sur leur étiquette.

Les bold zero

Quelques marques vont encore plus loin dans l’assurance du sans-alcool. Plus de modération : on accentue fortement le zéro avec des noms qui claquent.

Nooh du Château La Coste et Kolonne Null s’inscrivent dans cette logique. Nooh est composé à la fois de No et de Oh, la molécule de l’alcool. C’est un moyen ingénieux de tout dire dans le nom. Le Alt d’alternative est très direct, et fait penser au mot « halte » – à la consommation d’alcool.

Cette fois-ci, l’opposition est d’autant plus forte : les marques affirment le nul, le zéro, l’alternative et le changement dans une contradiction forte avec les vins classiques. 

Dans cette dernière vision, le vin sans alcool écrit une nouvelle histoire. Il s’affranchit de la tradition française pour explorer de nouveaux concepts.

Les libérés, délivrés

Une série de noms de marques de vin sans-alcool s’appuie sur des expressions anglaises. Au-delà de la distance prise par rapport au lexique français prédominant et porteur d’authenticité,  les messages revendiquent une consommation sans restriction. Ils véhiculent une idée de liberté.

Low Matter What détourne l’expression « no matter what » pour évoquer la tendance du No-Low. Le « low » va permettre de rappeler que ce vin est désigné comme léger car à 6 degrés. Cette expression invite aussi le consommateur à penser à tous les moments où boire devient plus facile. Sans contrainte de nombre de verres ou d’heures avant de prendre la voiture, la liberté se fait plus grande.

Autrefois utilisée pour faire la fête, l’expression « no limit » se met ici au service du sans alcool pour évoquer cette sensation d’affranchissement. Le vin No Limit est une façon de détourner les recommandations autour du vin que l’on connaît (« pas plus de deux verres par jour et pas tous les jours »).

Ces noms évoquent donc un vin désalcoolisé « désinhibé », pour une cible qui veut continuer de boire mais sans les effets déplaisants.

Les nouvelles vies

Les noms de marques et expressions de cette catégorie célèbrent de manière positive un nouveau type d’expérience, rendu possible par la suppression du degré d’alcool.

Bonne Nouvelle évoque des présages heureux pour ceux qui apprécient le goût du vin mais ne le consomment pas pour diverses raisons. Bon Voyage suggère une raison convaincante de boire du vin désalcoolisé, promettant un voyage serein et une expérience sensorielle enrichissante. À la Vie rappelle un toast porté lors de festivités, mais exclusivement avec du sans-alcool, offrant une vigilance accrue sur la route tout en préservant le plaisir de la fête. Feliz, signifiant « bon » en espagnol, évoque des souhaits de bonheur et French Bloom promet un moment paisible et épanouissant. Avec ces vins, il n’est plus nécessaire de compter les verres consommés, rendant les moments festifs plus simples et joyeux. Ils nous invitent ainsi à vivre une expérience agréable, rappelant le célèbre slogan : « sans alcool, la fête est plus folle ». 

Conclusion

Cette nouvelle catégorie de vin sans alcool no-low, ou nolo, émerge en explorant deux voies distinctes. D’une part, les marques s’affranchissent de l’alcool, d’autre part, elles renforcent la connexion avec celui-ci. La catégorie offre ainsi la possibilité de réinventer et actualiser les récits autour de l’imaginaire viticole.

Ces vins no-low représentent donc de précieuses opportunités pour les marques. Ils leur permettent de créer des noms innovants tout en s’inscrivant dans un mouvement en plein essor.


Labbrand est une agence internationale de branding & de naming, dont le cœur d’expertise est la création de noms et de marques. Kadjar, c’est nous ! Découvrez nos références.

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